Mémoires de ce qui s'est passé en cette guerre depuis le commencement de l'année 1625 (Mémoires du duc de Rohan)

Publiées peu après sa mort sans indication de lieu d'édition, les Mémoires du duc Henri II de Rohan (1579-1638) ont été mises en forme par lui lors de son exil entre 1629 et 1634 à Venise, donc assez peu de temps après les faits et alors qu'il cherche à reprendre du service auprès du Roi. Ce à quoi il parviendra brièvement en 1634, étant chargé de la campagne française en Valteline avant d'être de nouveau disgracié par Richelieu et d'aller combattre au service du prince de Saxe-Weimar en Allemagne, où il se fait tuer à la bataille de Rheinfelden contre les Bavarois en 1638. Dans ses Mémoires, Rohan se pose en stratège militaire et souligne la division des protestants à laquelle il attribue ses difficultés (il conclut la première édition du livre avec la paix de 1626 et la phrase: «Quand nous serons plus gens de bien, Dieu nous assistera plus puissamment» (1). La campagne de Thémines en Foix est l'occasion de louer feu son jeune second Saint-Blancard sur le récit duquel il s'appuie par l'intermédiaire des Mémoires manuscrits (2) peut-être rédigés par un autre membre de son état-major (Lusignan ?) et qu'il recopie presque mot à mot, dont la mention finale du «petit succès» que représente l'échec de Thémines au Mas qui, avec le ralliement de Nîmes, «releva un peu ses affaires». Pas un mot sur Dusson (peut-être pour ne pas nuire à sa carrière) et pas l'ombre d'une critique aux militaires d'en face puisque Rohan souhaite à ce moment-là reprendre du service dans l'armée du Roi. Selon l'édition Petitot de 1822, la première édition «est due à Sorbière, qui s'était procuré le manuscrit en Languedoc. Mais il paraît qu'il n'avait eu qu'une copie défectueuse et incomplète car on remarque que plusieurs noms propres sont laissés en blanc dans le texte, qui n'est pas divisé par livres et qui s'arrête à la paix de 1626. Le prince de Condé, qui était très maltraité dans ces mémoires, fit acheter et détruire presque tous les exemplaires (…). En 1646, l'année où mourut le prince de Condé, on en fit une seconde édition sur un manuscrit très correct: les mémoires y sont divisés en quatre livres, les fautes de l'édition de 1644 y sont corrigées, les lacunes remplies, et le récit ne se termine qu'au mois de juin 1629, époque à laquelle fut signée la dernière paix avec les protestants» (3). On voudra bien pardonner l'abondance des notes qui répertorient les différences entre cette version corrigée et augmentée de 1646 que nous reproduisons ici et la version défectueuse de 1644 (qui, en plus des fautes de lecture ou omissions, pratique quelques coupes significatives) mais aussi le manuscrit de 1625 qu'il se contente la plupart du temps de corriger stylistiquement. 

Mémoires du duc de Rohan sur les choses advenues en France depuis la mort de Henri le Grand jusques à la paix faite avec les Réformés au mois de juin 1629, 1646, pp.218-237. Précédées d'une première édition en 1644 et allant jusqu'en 1626, pp.203-220 (pp.259-272 de l'édition Petitot de 1822). Notre extrait est basé sur la majeure partie du manuscrit des Mémoires de ce qui s'est passé en cette guerre depuis le commencement de l'année 1625 jusques à la paix accordée le cinquième de février 1626 et ratifiée au mois de mars suivant, folios 130v-136v du Fonds français 4102 (nos extraits 132v-135v), sans doute écrit entre 1625 et 1626.


(1) La version originale des Mémoires manuscrits sur 1625 mettait: «Quand nous serons unis et plus gens de bien, Dieu nous assistera puissamment». Sur laquelle on lit la version corrigée (d'une autre main) retenue dans la version imprimée des Mémoires de Rohan.

(2) Mémoires de ce qui s'est passé en cette guerre depuis le commencement de l'année 1625 jusques à la paix accordée le cinq de février 1626 et ratifiée au mois de mars suivant, Fonds Français 4102, folios 130r-135v (abrégé en 1625 dans les notes suivantes pour les variations). Ce récit manuscrit de toute la campagne figure dans le même recueil de documents que le récit du siège par Saint-Blancard, mais il est d'une autre écriture et d'un autre style, parfaitement francophone et sans l'ombre d'un occitanisme. Il est apparemment écrit par quelqu'un de l'état-major de Rohan, peut-être Lusignan sur lequel les informations sont plus nombreuses qu'ailleurs. L'auteur a en tout cas eu sous les yeux le rapport de Saint-Blancard puisqu'il en tire presque tel quel le récit de Jean-Bonet, mais aussi les quelques informations sur le siège. Et c'est de l'ensemble de ce récit que s'est servi Rohan presque mot pour mot pour cette partie de ses Mémoires, publiées une dizaine d'années plus tard (les ratures et corrections à la fin pourraient être de sa main). Les deux principales coupes effectuées par la première édition de 1644 dans notre extrait concernent Lusignan (rien sur le combat qu'il a mené à Teillet) et Léran (avec le détail de l'accommodement avec lui: Rohan a envoyé deux capitaines soulever le peuple du Carla contre lui, ce qui a rapidement permis de lever l'obstacle au ravitaillement du Mas).

(3) Petitot (éd.), Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France depuis l'avènement de Henri IV jusqu'à la paix de Paris conclue en 1763, tome 18, Paris, Foucault, 1822, p.3 (Avertissement). Petitot dit se baser sur le texte de l'édition de 1661, «qui a été jugé le meilleur par les bibliographes». Nous reproduirons prochainement l'extrait concernant 1625 de la Notice sur Henri duc de Rohan et ses ouvrages. 

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Combats entre Thémines et Rohan en Albigeois


Au même temps que ces choses se passaient aux Sevenes et bas Languedoc, le maréchal de Themines approche de Castres pour y faire le dégât, où le conseil que le duc de Rohan y avait laissé se trouva embarrassé (1) de telle sorte qu'il n'osa donner ordre à chose aucune et en laissa tout le fardeau à la duchesse de Rohan (2) qui, contre son naturel et au dessus de ses forces, y apporta tant de soin et de courage qu'elle rassura un chacun (3). Et ledit maréchal reçut diverses pertes, ayant du désavantage presque en toutes les escarmouches (4) qui se firent devant la ville, où la Nougarede (5), vieux gentilhomme du pays, se signala fort.

Sur ces entrefaites, le marquis de Luzignan s'approche (6) de Castres avec les troupes que le duc de Rohan lui avait baillées pour les y conduire. Dont ledit maréchal étant averti, part avec toute sa cavalerie et partie de son infanterie pour le combattre. Le trouvant logé à la Croisette, bourg distant de deux grandes lieues de Castres, il l'attaqua (7). Mais il le trouva barricadé et résolu de se bien défendre (8). De façon qu'après un grand effort, il fut contraint de se retirer (9) avec perte de plusieurs morts et blessés. Cela ainsi passé, ledit marquis de Luzignan (10) recula jusques à Brassac, le lendemain prit un autre chemin et entra dans Castres avec toutes ses troupes en plein jour, tambour battant et sans aucune mauvaise rencontre (11). Ce renfort, avec quelques escarmouches qui se passèrent au désavantage du maréchal de Themines, fut cause que, voyant qu'il ne pouvait plus endommager la ville, il se résolut de se retirer à Sainct Paul de la Miatte, qu'on pourvoit de gens de guerre suffisamment. Néanmoins, Sainct Paul est emporté sans nulle résistance (12) en plein midi sans batterie et sans dessein formé, et tous les gens de guerre se retirèrent à la Miatte, où ils composèrent de ne porter les armes de six mois (13). Voilà le seul échec que par hasard le maréchal de Themines a fait (14) en Lauraguais et Albigeois où, après avoir brûlé lesdits lieux, il fait mine d'assiéger Realmont (15) 

Mais apprenant que le duc de Rohan arrivait avec plus de 2 000 hommes qu'il amenait des Sevenes n'ayant pu être empêché de passer sur le Larsac, où l'on voulait le combattre (16), il part avec toute sa cavalerie et infanterie, passe auprès de Castres, continuant (17) ses brûlements partout, vient passer auprès de Brassac et tâche de gagner un pays avantageux pour la cavalerie entre la Cauve et Viane (18). Mais Rohan, en étant averti, fait une telle diligence, marchant jour et nuit, qu'il gagne Viane avant que l'autre pût être sur son chemin. Où étant, il envoie à la Cauve le régiment de Valesence, et à Brassac ses gardes et le capitaine Dupuy (19) avec ses carabins (20) pource que les gens de pied étaient si recrus qu'ils ne pouvaient marcher. 

Ledit maréchal se voyant hors d'espérance de prévenir ledit duc et de prendre Brassac, il passe outre et, brûlant quelques villages, il vient avec toutes ses troupes (21) de cavalerie et infanterie à la vue de Viane. Où, les ayant mis en bataille et voyant que le faubourg dudit Viane (nommé Peiresegade, qui est tout au bas de la ville et séparé d'icelle de la hauteur de la montagne) n'était aucunement barricadé (22), il fait donner dedans avec toutes ses forces, l'emporte et y met le feu, puis se retire en son quartier (23). En cette attaque, il y eut un capitaine de tué et un prisonnier, et quelques 25 ou 30 soldats de tués ou blessés (24), Sainct Blancart blessé légèrement. Les troupes qui étaient audit faubourg se retirèrent dans la ville. 

La duchesse de Rohan qui, par divers messagers, avait averti le duc de l'opposition (25) que ledit maréchal voulait faire à son passage, ne perd temps (26) de son côté, assemble toutes les garnisons, leur donne rendez-vous à Brassac. Dont ledit duc étant averti par elle, il sort le soir et se rend audit Brassac où, ayant trouvé 1 500 hommes de pied et 200 maîtres (27), il se résout la nuit prochaine de faire reconnaître l'armée dudit maréchal qui était logée à Esperance (28) (entre Brassac et Viane) et, sur le rapport qui lui en serait fait, l'attaquer la nuit suivante avec toutes ses troupes : Sainct Blancart par le côté de Viane et lui par le côté de Brassac3 (29). La reconnaissance faite (30) et le rapport que l'armée était logée en grande confusion en un lieu fort désavantageux (31) pour la cavalerie, le dessein de l'attaquer fut conclu. Mais le jour de devant l'exécution, soit que l'avis en eût été donné ou qu'il prévît cette attaque (32), ou que les vivres lui manquassent, il prend son chemin vers Vabres et va loger à la Bichenie (33). Ledit duc de sa part joint ses troupes, prend le chemin de la Croisette et Roquecourbe, d'où il jette (34) cinq ou six cents hommes dans Realmont, et sépare toutes ses troupes autour de Castres pour voir la contenance de son ennemi. 


(1) 1625 et 1644: «s'étonna».

(2) Marguerite de Béthune (1595-1660), fille de Sully (alors toujours actif et retiré en Quercy) et que Rohan avait épousé en 1605. Tous les témoignages montrent le rôle important qu'elle joua à Castres (ville plutôt opposée à Rohan) lors de cette campagne.

(3) 1644: «apporta tant de soin et de courage qu'elle assura un chacun».

(4) 1644: «Et le maréchal y reçut diverses pertes, ayant eu du désavantage presque à toutes les escarmouches».

(5) 1625: «la Nogarede». 1644: «la Vogurede».

(6) 1625: «s'approchait». 1644: «approchait».

(7) 1625: «Et le trouvant (…), il l'attaque».

(8) 1625: «Mais il les trouva barricadé et résolu de se bien défendre». 1644: «Mais il le trouva barricadé et résolu».

(9) 1625: «De façon qu'après une grande attaque, ils furent contraints de se retirer». 1644: «De façon qu'après une grande attaque, ils résolurent de se retirer».

(10) 1644: «Mais ledit marquis de Lusignan».

(11) 1625: «et entra dedans Castres avec toutes ses troupes en plein jour, le tambour battant et sans aucun mauvais rencontre». 1644: «et entra dans Castres en plein jour, tambour battant et sans aucune mauvaise rencontre».

(12) 1625: «au désavantage du maréchal de Themines, voyant qu'il ne pouvait plus endommager la ville, il résout de se retirer et va à St. Paul et la Miatte qu'on pourvoit de gens de guerre suffisamment. Néanmoins St. Paul est emporté sans résistance».

(13) 1644: «Ce renfort, avec quelques escarmouches qui se passèrent au désavantage du maréchal de Themines, furent cause que ledit maréchal, voyant qu'il ne pouvait plus endommager la ville, se résolut de se retirer de là à Sainct Paul, qui fut emporté sans résistance en plein jour, sans batterie et sans dessein formé, et tous les gens de guerre se retirèrent à la Motte»

(14) A causé aux armées de Rohan. 

(15) 1644: «Voilà le seul échec que le maréchal de Themines a fait en Lauraguais où, après avoir brûlé lesdits lieux, fait mine d'assiéger Realmont».

(16) 1625: «Mais apprenant que le duc de Rohan avec près de 2 000 hommes qu'il amenait des Sevennes n'ayant pu être empêchés de passer sur le Larzac, où on voulait le combattre». 1644: «Mais apprenant que le duc de Rohan arrivait avec plus de deux mille hommes des Sevenes, n'ayant pu être empêchés de passer sur l'Arsac, comme on le voulait combattre».

(17) 1644: «et continuant».

(18) 1625: «pour la cavalerie entre la Caune et Barres». 1644: «pour la cavalerie». Sur les plateaux aux limites de l'Albigeois et du Rouergue (avec le Larzac), Lacaune a Viane à une dizaine de kilomètres à l'ouest (vers Castres) et Barre à une quinzaine de kilomètres à l'est (vers Millau).

(19) 1625: «Où étant, il envoie à la Caune le régiment de Valescure et à Brassac ses gardes et le capitaine du Puy». 1644: «Où étant, il envoya le régiment de Valseure à Brassac, ses gardes et le capitaine du Puy»

(20) «Chevau-léger armé d'une petite arme à feu qui tire avec un rouet. Ces cavaliers, qui faisaient autrefois des compagnies séparées et quelquefois des régiments, servaient à la garde des officiers généraux, à se saisir des passages, à charger les premières troupes que l'ennemi faisait avancer et à les harceler dans leurs postes. Souvent aussi, ils ne faisaient que lâcher leur coup et ils se retiraient. (…) Ces carabins servaient du temps de Henri IV et de Louis XIII. Ils portaient une cuirasse échancrée à l'épaule afin de mieux coucher en joue, un gantelet à coude pour la main de la bride, un cabasset en tête, une longue épée et une carabine à l'arçon de la selle». Le rouet est «une petite roue d'acier qu'on applique sur la platine d'une arquebuse, d'un pistolet ou autre arme à feu, qu'on bande avec une clé et qui, en se lâchant avec violence, fait du feu par le moyen d'une pierre qu'on trouve dans les mines de cuivre»,  le cabasset «signifiait autrefois une arme défensive qui couvrait la tête. L'espagnol dit aussi bassinet parce qu'il approchait de la figure d'un bassin» (Furetière).

(21) 1644: «avec ses troupes».

(22) 1625: «que le faubourg dudit Viane (nommé Pierreseguade, qui est tout au bas de la ville et sépare icelle de toute la hauteur de la montagne) n'était aucunement barricadé». 1644: «que le faubourg qui est au deçà de la ville n'était aucunement barricadé».

(23) 1625: «puis se retira à son quartier». 1644: «puis se retira en son quartier»

(24) 1625: «un capitaine tué et un prisonnier, et quelques 25 ou 30 soldats de tués ou blessés». 1644: «un capitaine tué et un prisonnier, et quelques vingt cinq ou trente soldats tués ou blessés».

(25) 1625: «par divers messagers, avait averti le duc son mari de l'oppression». 1644: «par diverses fois, avait averti le duc de l'opposition».

(26) 1644: «ne perdit temps».

(27) 1625: «ayant trouvé 1 500 hommes de pied et près de 200 maîtres». 1644: «ayant trouvé plus de quinze cents hommes de pied et près de deux cents maîtres».

(28) 1625: «qui était logé à Speransses». Aujourd'hui Espérausses, au nord de Brassac et à mi-chemin de Viane, dans le pays montagneux entre Castres et le Rouergue à l'Est.

(29) 1625: «par celui de Brassac».

(30) 1644: «La reconnaissance se fit».

(31) 1625: «et en lieu très désavantageux». 1644: «en un lieu très avantageux».

(32) 1625: «Mais le jour devant l'exécution, soit que l'avis en eût été donné, ou qu'il pressent cette attaque».

(33) 1625: «ou que les vivres lui manquassent, il prend son chemin vers Vabre et va loger à la Bechonnie». 1644: «ou que les vivres lui manquassent, il déloge». Vabre est au Sud-Est d'Espérausse vers Castres. Nous n'avons pas trouvé La Bechonnie/Bichenie (La Bessonie selon l'édition Petitot). 

(34) 1644: «de la Croisette et jette». Lacrouzette et Roquecourbe sont entre Castres et Vabre.


Thémines attaque le Pays de Foix


Lequel, après s'être rafraîchi quelques jours autour de Lautrec, s'achemine à Lavaur et fait ses préparatifs (1) pour passer en Foix. Le duc, de son côté, passe en Lauraguais, jette des troupes dans Briteste, met le régiment de Freton dans Revel et Souriré, et celui de Montluz et Valescure à Realmont. Et dès qu'il vit que les ennemis prenaient la route de Foix, il y fait passer (2) Sainct Blancart qui était à Puylaurens avec 500 hommes choisis. Durant ce temps-là, Luzignan ayant appris que le régiment de Lescure était venu loger au faubourg de Teillet, il le va attaquer, enfonce les barricades, en tue et blesse une centaine, prend un drapeau et pousse le reste dans le fort. Et s'il fût arrivé de nuit comme il fit de jour, il n'en fût échappé un seul car Grandval (qui était dans le fort) était en contention (3) avec l'Escure et n'eût jamais ouvert les portes de nuit et c'est ce qui fit entreprendre l'affaire à Luzignan. Montluz et Valescure (les deux maîtres de camp) y furent légèrement blessés. Cela fait (4), le duc de Rohan revient à Castres et y appelle Luzignan, assemble ce qui lui reste de forces et sort un canon pour divertir d'autant les ennemis et donner quelque curée à ses troupes et s'achemine vers Realmont. Le premier lieu qu'il attaque fut Sieurac qui endura 25 ou 30 volées de canon (5). Et après avoir mis le feu dans le lieu par la brèche (6), ils furent contraints de se rendre. Cette sortie émut tout le pays et le duc de Ventadour assembla plus de 200 maîtres et 2 000 hommes de pied (7), et même le maréchal de Themines y court avec toute sa cavalerie et le régiment de Normandie. Mais les uns et les autres ayant appris la prise dudit lieu, se retirèrent et ledit duc continua son chemin vers la montagne et le Roüergue (8), laissant son gros canon à Realmont, et traînant seulement deux petites pièces qui portent gros comme une orange. 

En ces entrefaites, ceux de Foix lui mandent comme les habitants de Caumont, Lesbordes, Savarac et Camerades (9) s'étaient résolus de mettre le feu dans leurs lieux et de se retirer dans Mazeres (10), et les autres dans le Mas d'Azil (11), mais qu'ils avaient encore besoin de gens de guerre. Ce qui lui fit de nouveau dépêcher la Boissiere (lieutenant-colonel du régiment de Freton) avec 500 hommes (12). Mais quand les soldats ouïrent parler que c'était pour aller en Foix, ils se débandèrent de telle sorte qu'il n'y en alla que 240 (13), qui passèrent heureusement. 

Ne faut ici omettre une action héroïque (14) de sept soldats de Foix qui se résolurent d'attendre dans une méchante maison de terre nommée Chambonnet auprès de Carlat (15) le maréchal de Themines avec toute son armée (16), qu'ils arrêtèrent deux jours entiers. Et après lui avoir à diverses attaques tué plus de 40 hommes et n'ayant plus de munitions, voyant approcher quelques pièces de canon, ils délibérèrent de se sauver la nuit prochaine (17). Pour cet effet, un d'eux sortit pour aller reconnaître par où ils pourraient passer (18) entre les corps de garde. Ce qu'ayant exécuté, en se retirant (19), la sentinelle de ladite maison l'apercevant et croyant que ce fût un des ennemis, le tire et lui rompt une cuisse (20). Cetui-ci ne laisse (21) de faire son rapport, enseigne le moyen de se sauver, les y exhorte. Mais le frère de cetui-ci (qui était celui qui l'avait blessé), outré de douleur, ne le veut quitter, lui disant (22) que puisqu'il avait été l'instrument (23) de son malheur, il voulait être compagnon de sa fortune. Le bon naturel d'un de leurs cousins germains le fait résoudre à pareil sort. Ainsi les quatre autres, à la sollicitation de ceux-ci et à la faveur de la nuit, après s'être embrassés, se sauvent et ces trois ici se mettent à la porte, chargent leurs arquebuses, attendent patiemment la venue du jour et reçoivent courageusement les ennemis (24). Desquels en ayant tué plusieurs, meurent libres (25). Les noms de ces pauvres soldats méritent leur place (26) dans l'histoire, leur action étant comparable aux actions (27) plus mémorables de l'Antiquité. 


(1) 1644: «Lequel, après s'être rafraîchi quelques jours, fait ses préparatifs».

(2) 1625: «Le duc, de son côté, passe en Lauragais, jette des troupes dans Brieteste, met le regiment de Fretton dans Revel et Soreze, et celui de St. Blancart dans Puylaurens, renvoie Leuzignan avec les régiments de Monclus et Valescure à Realmont. Et dès qu'il vit que les ennemis prenaient la route de Foix, il y fait passer». 1644: «Le duc, de son côté, passe en Lauraguais et fait passer»

(3) «Dispute, querelle, procès, contestation» (Furetière).

(4) 1644: «Sainct Blancart, qui était à Puis-laurens avec cinq cents hommes choisis. Cela fait». La première édition coupe donc tout ce passage de l'attaque de Teillet (petite place protestante à l'est de Realmont et au sud d'Albi), glorieux pour Lusignan mais totalement contradictoire avec ce qu'en conte le Mercure. Le seigneur catholique du bourg voisin de Grandval occupait la place depuis la première guerre de Rohan en 1622 mais en avait été délogé entre avril et début août par une petite garnison protestante que le régiment de Lescure avait forcé tout récemment à quitter les lieux. L'édition de 1646 suit par contre à la lettre le manuscrit de 1625, ne différant que sur les noms propres (Leusignan, l'Escure, Montclus) et deux détails («son drapeau», «réchappé»).

(5) 1644: «revient à Castres, y appelle Lusignan, assemble ce qui lui reste de forces et sort un canon pour divertir les ennemis de donner quelque attaque à ses troupes et, s'acheminant vers Realmont, le premier lieu qu'il attaque fut N ….. et endura vingt cinq ou trente coups de canon». 1646 est calé sur 1625 à part «Castres, y appelle» et les noms propres (Leusignan, Siurac), les chiffres au long («vingt cinq», «trente»).

(6) 1644: «après y avoir mis le feu par la brèche».  

(7) 1644: «le duc de Vantadour assembla plus de deux mille hommes de pied».

(8) 1644: «se retirent et ledit duc continua son chemin vers la montagne et la Rovergue». C'est à dire Millau qui était une des cités protestantes sur lesquelles il pouvait compter et qui était idéalement placée entre Haut Languedoc et Bas Languedoc.

(9) 1625: «En ces entrefaits, ceux de Foix lui mandent que les habitants de Caumont, Lez Bordes, Savarat et Camerade». 1644: «lui mandent que les habitants de Caumont, les Bordes, Saverac et Camerades».

(10) 1625 : «de se retirer les premiers dans Mazeres»

(11) Il y a donc bien une volonté de la direction militaire protestante locale de brûler les localités de leur camp proches des places pouvant soutenir un siège (Mazères et Le Mas).

(12) 1625: «Ce qui lui fait dépêcher de nouveau la Boissiere (lieutenant-colonel du régiment de Fretton)». 1644: «la Boëssiere, lieutenant-colonel du régiment de Soton avec cinq cents hommes».

(13) 1625: «pour aller en Foix». 1644: «Mais quand nos soldats ouïrent parler que c'était pour attaquer, ils se débandèrent de telle sorte qu'il n'y en alla que deux cents quarante»

(14) 1625, 1644: «Ne faut ici oublier un acte héroïque».

(15) 1625: «auprès du Carla». Omis par 1644.

(16) 1644: «avec son armée».

(17) 1625: «Et après lui avoir tué à diverses attaques plus de quarante hommes, n'ayant plus de munitions et voyant approcher quelques pièces de canon, ils délibérèrent de se sauver la nuit prochaine». 1644 pareil sauf: «et n'ayant plus de munitions, voyant approcher une grosse pièce de canon, ils délibèrent».

(18) 1644: «par où ils passeraient»

(19) 1625, 1644: «Ce qu'ayant exécuté, en se retirant».

(20) 1644: «la cuisse».

(21) 1644: «Celui-ci ne laissa»

(22) 1644: «quitter, disant que».

(23) 1625: «été instrument».

(24) 1644: «se sauvèrent et ces trois-ci se mettent à la porte avec leurs arquebuses, attendant patiemment le jour et reçoivent courageusement leurs ennemis»

(25) 1644: «desquels ayant tué quelques-uns, ils meurent libres»

(26) 1644: «méritent place».

(27) 1625, 1644 : «aux actes»


Siège du Mas d'Azil


Pour revenir (1) au duc de Rohan, il passe sur la frontière de Roüergue (2), prend un petit fort nommé la Roque ciziere (3), où il laisse garnison ; le même jour, il va à un autre, nommé la Bastide, qu'il trouve abandonné comme quelques autres qui furent pillés et brûlés (4). De là, il passe à la Cauve, et faisant chemin vers Augle, prend et brûle quelques autres petits forts, puis descend dans le vallon de Mazavel, d'où il va encore brûler quelques forts auprès de Sainct Pons (5). Et comme il veut continuer à ravager pour avoir sa revanche des brûlements que le maréchal de Thémines avait faits en son absence, il reçut (6) nouvelles de Bretigny (gouverneur de Foix) et de Sainct Blancart, qui lui mandent que le Mas-d'Azil est assiégé (7) par le maréchal de Themines et le comte de Carmain (8) (gouverneur du pays) avec une armée de 7 000 hommes de pied, 600 maîtres et 9 canons, qu'il y avait 700 hommes de guerre (9) dans la place (tous gens du pays), qu'ils y avaient envoyés sous le capitaine Carboust, et dudepuis sous le capitaine Vallette (10), soldats expérimentés, qu'on ne pouvait juger de l'événement de ce siège pource que la place était très méchante et très furieusement attaquée (11), que si elle se perdait avec ce qui était dedans, il ne restait du monde suffisamment (12) pour conserver le bas Foix, tant à cause que la ville de Pamiez était de grande garde (13) et faible que pour les intelligences que les ennemis avaient dedans. Mais que s'il voulait encore envoyer 500 hommes, ils s'obligeaient de conserver le bas Foix, et même s'efforceraient de conserver le Mas d'Azil (14).

Ces raisons font (15) changer d'avis audit duc, qui envoya Luzignan (16) avec une partie de ses troupes tant de cavalerie que d'infanterie, reconduire les petits canons à Castres, et de là à Realmont (17), et lui avec ce qui lui restait des troupes des Sevenes, passe à Revel avec beaucoup de peine 600 soldats, où, les ayant fait séjourner un jour pour leur bailler de l'argent, il les fait passer en Foix sous la conduite de Valescure fort heureusement (18). Puis s'en revient (19) à Castres. 

La division du baron de Leran avec Bretigny donnait du souci au duc de Rohan pource qu'étant maître du Carlat (qui n'était qu'à une lieue du Maz) (20), il en pouvait faciliter le secours ou l'empêcher. Ce qui lui fit envoyer de Verdun, Villemore et Orose (21) (capitaines de ses gardes) pour lui remontrer le tort qu'il se faisait d'empêcher le secours du Maz d'Azil en refusant de recevoir ses troupes au Carlat, avec charge que si ledit baron ne se mettait à la raison, ils donnassent connaissance de leur charge au peuple du Carlat (22). Ce qui fut ménagé si dextrement que ledit baron fut contraint par les habitants de recevoir les commissions dudit duc et tous les gens de guerre qui viendraient par son ordre, ce qui servit de beaucoup à la subsistance du Maz (23).

Durant que ces choses se passaient en Foix, le duc d'Espernon s'approche de Montauban avec 1 500 chevaux et 4 000 hommes de pied pour y faire le dégât, et Soubize (pour le divertir) fait descente en Medoc où il prit quelques forts. (...) (24)

Ainsi que les affaires passaient de la sorte en ces quartiers-là, ceux du Maz-d'Azil se défendaient contre l'attente des leurs et l'espérance des assiégeants qui le battirent de 9 canons et y tirèrent plus de 3 000 coups (25), y faisant trois brèches fort raisonnables. Mais comme on se préparait contre eux à un grand effort (26), Bretigny et Sainct Blancart (qui avaient assisté les assiégés plusieurs fois) se résolurent de le faire puissamment à ce dernier effort (27). Et Sainct Blancart entreprit la charge du dernier secours, qui y entra avec 350 hommes, força (28) un corps de garde qui gardait un pont et ne perdit qu'un soldat. Ce secours restaura (29) les assiégés qui étaient en quelque division sur le commandement et qui tous reconnaissaient Sainct Blancart comme maître de camp (30), il commença à donner tel ordre à la place qu'après 1 800 coups de canon tirés durant trois jours (31), le maréchal de Themines fit donner un assaut général de toute l'armée, qui fut fort furieux, ayant fait mettre pied à terre à 500 maîtres, et y ayant plus de 6 000 hommes (32) sur le haut des montagnes pour voir ce combat. Mais ils furent repoussés trois fois avec perte de plus de 500 hommes (33). Du côté de la ville, le capitaine Valette (qui commandait une des brèches) y fut tué et quelques autres capitaines qui étaient avec lui (34). Et les assiégés eurent 70 ou 80 soldats tués ou blessés (35). Mais surtout, au dire d'amis et d'ennemis, Sainct Blancart s'y signala (36) tant au bon ordre qu'il donna à la réparation des brèches qu'à sa diligence et valeur à les défendre, se portant en personne aux lieux où ils étaient les plus pressés et surmontant en cette occasion son âge (37). Cette affaire ainsi passée, le maréchal (38) ne songe plus qu'à retirer son canon, à quoi il employa deux nuits entières (39) (et ce ne fut sans la perte de beaucoup de soldats). Puis, avec les débris de son armée, se retira vers Lauraguais (40). 

Ce petit succès, avec ce que par les sollicitations continuelles du duc de Rohan, la ville de Nismes se déclara pour son parti, releva un peu ses affaires (41). En cet instant, quelques-uns des députés que nous avions en Cour furent envoyés vers les communautés pour faire accepter la paix, à l'exclusion de Soubize et de la Rochelle, à quoi plusieurs mal affectionnés travaillaient, surtout à Castres où ils résolurent de l'accepter de la sorte (42). Mais Rohan y survenant et leur ayant fait voir leurs précédentes délibérations toutes contraires à celle-là, la leur fit révoquer et convoqua une assemblée à Millaud, où les villes de Nismes et Usez (43) comparurent par leurs députés. Et tous ensemble firent un acte d'acceptation conjointement avec Soubize et la Rochelle, et l'envoyèrent en Cour (44).


(1) 1625, 1644: «retourner».

(2) 1625: «du Rouergue». 1644: «il passe par la frontière de Rovergue».

(3) 1625: «Rocqueciziere». 1644: «Rocquerisiere». Aujourd'hui Roquecezière, à la limite entre Rouergue (Aveyron) et Albigeois (Tarn), à l'Est de Viane et au nord de Lacaune. 

(4) 1625: «Le même jour va à un autre». 1644: «le même jour un autre, nommé la Bastide, qu'il trouva abandonné comme quelques autres qui furent pillés».

(5) 1625: «la Caune», «Angles, pille et brûle», «Mazamet», «St Ponts». 1644: «De là passe à la Cane», «Angle», «Mazanet, où il va» («auprès de Sainct Pons» omis). Anglès est entre Lacaune et Mazamet au Sud. Saint-Pons de Thomières, plus à l'Est, est à mi-chemin entre Mazamet, Bédarieux et Béziers.

(6) 1625, 1644: «Il reçoit»

(7) 1625: «était assiégé». 1644: «du gouverneur de Foix, Sainct Blancart, que le Mas d'Azil était assiégé».

(8) 1644: «par Themines et le comte de Carmaing».  

(9) 1625: «et 600 maîtres et neuf canons». 1644: «avec une armée de sept mille hommes de pied, six cents maîtres et neuf canons, qu'il y avait neuf cents hommes de guerre».

(10) 1625: «envoyé le capitaine Larboust, et dudepuis le capitaine Vallette». 1644: «envoyés avec deux capitaines expérimentés»

(11) 1625: «et furieusement attaquée». 1644: «qu'on ne pouvait juger l'événement de ce siège parce que la place était méchante et fort furieusement attaquée». «Évènement: issue, succès bon ou mauvais de quelque chose» (Furetière).

(12) 1644: «il n'y avait du monde restant»

(13) 1625: «la ville de Pamies est de grande garde». 1644: «la ville de Pamiers est de grande garde». «Garde: terme de guerre, de chasse, etc. Défense ou conservation de quelque chose; action par laquelle on observe ce qui se passe afin de n'être point surpris; soin, précaution, attention que l'on apporte pour empêcher que quelque chose n'arrive contre notre intention, contre notre volonté (…). Le Roi a commis la garde de ce château à un tel capitaine. Cette ville est de grande garde. Les petits enfants sont de difficile garde» (Furetière).

(14) 1644 (oubliant Brétigny, il met tout au singulier, ce qui fait penser qu'il peut aussi s'agir de Rohan): «Mais que s'il voulait encore envoyer cinq cents hommes, il s'obligeait de conserver le bas Foix, même s'efforcer de conserver le Mas d'Azil».

(15) 1625: «firent».

(16) 1625: «Leusignan». 1644: «au duc, qui envoie Lusignan».

(17) 1644: «qu'infanterie, reconduit le petit canon à Castres, de là à Realmont».

(18) 1644: «passa à Revel avec beaucoup de peine six cents soldats, les ayant fait séjourner un jour pour leur bailler de l'argent. Il les fit passer en Foix sous la conduite de Valseure fort heureusement».

(19) 1625: «Puis il revient».

(20) 1625: «à Rohan pource qu'étant maître du Carla (qui n'était qu'à une lieue du Mas d'Azil)».

(21) 1625: «envoyer devers lui Villemur et Auros» (1646 a mal lu «devers lui» en «de Verdun»).

(22) 1625: «Mas d'Azil», «Carla», «qu'il donnât connaissance au peuple dudit Carla de leur charge»

(23) 1625: «les provisions dudit duc et tous les gens de guerre qui viendraient par son ordre, ce qui servit beaucoup à la subsistance du Mas». Tout l'épisode au Carla est coupé dans 1644 qui résume: «Puis il revint à Castres où il accommoda la division du baron de Ceran avec Bretigny. Durant que ces choses...». Peut-être parce qu'il met directement en cause Léran (en indiquant que Rohan n'hésite pas à jouer le peuple protestant contre ses élites), comme avait été supprimé plus haut la mention que Jean-Bonet est proche du Carla. Ou-bien s'agit-il de Brétigny (coupé aussi juste auparavant au profit de Saint-Blancard) ?

(24) 1625: «approche», «fit descente». 1644: «au Foix», «quinze cents», «quatre mille», «descend à Medoc». Suit un passage que nous omettons (une page et demie dans 1625 aux folios 133v et 134r, pp.212 à 218 dans 1644, pp.229 à 235 dans 1646) où sont détaillées les opérations maritimes de Soubise sur la côte atlantique contre la flotte commandée par Montmorency et renforcée de navires hollandais.

(25) 1625: «Mas d'Azil», «outre l'attente», «la battirent de neuf canons». 1644: «ces affaires se passaient», «Mas d'Azil», «qui le battent de neuf canons», «trois mille».

(26) 1625: «comme l'on se préparait à un grand effort contre eux». 1644: «comme on se préparait à un grand effort contre eux»

(27) 1625: «St. Blancart». 1644: «(qui avait assisté les assiégés plusieurs fois) se résolurent de le faire en ce dernier effort».

(28) 1625: «St. Blancart», «trois cents cinquante». 1644: «trois cents cinquante», «force».

(29) 1644: «renforce»

(30) 1625: «St. Blancart maître de camp». 1644: «et parce que tous reconnaissaient Sainct Blancart maître de camp».

(31) 1644: «dix-huit cents coups de canon tirés en trois jours».

(32) 1644: «à toute l'armée», «cinq cents maîtres et y avait plus de six mille hommes».

(33) 1644: «cinq cents hommes»

(34) 1644: «Valerce (qui commandait une brèche) y fut tué et quelques autres qui étaient avec lui».

(35) 1625: «septante ou quatre vingts soldats». Cette phrase sur le bilan des pertes au Mas est omise par 1644.

(36) 1625: «Mais sur tous, au dire d'amis et d'ennemis, S.t Blancart se signala». 1644: «Et sur tous, au dire d'amis et d'ennemis, Sainct Blancart se signala».

(37) 1625: «des dites brèches qu'à sa diligence et valeur à les défendre, se portant en personne aux lieux où ils étaient les plus pressés, surmontant en cette action son âge». 1644: «des brèches qu'à sa diligence et valeur à les défendre, se portant en personne aux lieux qu'il savait les plus pressés». Seule mention de nos sources permettant de savoir que Saint-Blancard est un jeune officier (mais Napoléon Peyrat, l'interprétant à rebours, en fera un vieillard). 

(38) 1625: «le maréchal de Themines».

(39) 1625: «dix nuits entières (et ce ne fut sans la perte de beaucoup de personnes)». 1644: «des nuits entières (et ce ne fut sans la perte de beaucoup de personnes)». Le manuscrit, mal lu par les deux éditions imprimées, a raison puisque Saint-Blancard écrit que «le maréchal demeura 9 jours depuis l'assaut occupé à ce travail avec beaucoup d'incommodité», soit environ du 16 (première mention de l'opération) au 26 octobre («sept ou 8 jours» après le 18). 

(40) 1625, 1644: «Puis, avec le débris de son armée, se retire vers le Lauraguais».

(41) 1644: «Et à ce petit succès et aux sollicitations continuelles du duc de Rohan, la ville de Nismes se déclara de son parti, ce qui releva un peu ses affaires».  

(42) 1625: «à quoi force mal-affectionnés travaillaient, surtout à Castres, là où ils résolurent de l'accepter de la sorte». 1644: «et des Rochelois, à quoi les mal affectionnés travaillaient, surtout à Castres»

(43) 1625: «à cela», «Millau», «Uzez». 1644: «y survint», «à cela», «Millau».

(44) 1644: «Et tous ensemble, par un acte d'acceptation conjointement avec Soubize et la Rochelle, envoyèrent en Cour».



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